Marché des devises : la fuite en avant des Banques Centrales

 

Les actions coordonnées des plus grandes institutions du monde, pour tenir à flot l’économie, continue de semer le doute quant à la réelle reprise de la croissance.

En ce mois de Mars 2021, le bal des imprimeurs de monnaie a débuté par la Fédéral Reserve (FED) avec un plan de 1 900 milliards de dollar US ; puis à continué avec la Banque Centrale Européenne (BCE) avec l’annonce de l’accélération de rachat d‘actifs ; et se terminera par le Fond Monétaire International (FMI) qui annoncera sans doute la couverture de la dette des Banques Centrales. Le monde financier est très bien organisé.

 

Cependant, les marchés financiers n’accueillent pas avec joie ces annonces. Pour les plus lucides d’entre eux, les institutions continuent de faire ce qui ne fonctionne pas jusqu’à maintenant. Pour le moment, le terme est 2023 ; pour le moment, tout va bien.

 

Le taux directeur de la FED remonte doucement et les opérateurs de marché sont joyeux ; puisque tout cet argent frai leur assure la pérennité de leurs bonus.

Les stratégistes des Banques Centrales ne peuvent pas contrôler  la courbe des taux d’intérêt indéfiniment. Le marché est dans un état incohérent.

Concernant le Dollar US (USD), il a vu sa parité se déprécier de 20% face à l’euro en 2020. Toutefois, depuis janvier 2021, il commence à reprendre son souffle puisque l’USD gagne près de 4% face à l’Euro depuis le début de l’année.
– en 2020, le mouvement de l’USD face à l’Euro (et aux autres monnaies) est la conséquence d’une économie mondiale à l’arrêt. Les échanges commerciaux ont été réduits ; et ainsi la demande pour la monnaie d’échange également. L’USD étant la monnaie d’échange mondiale, la demande s’est amoindrie. Mécaniquement, sa parité face aux autres monnaies s’est affaiblie.

– en 2021, les échanges commerciaux ont repris, ainsi la demande sur l’USD est revenue. Toutefois, depuis la 2eguerre mondiale, l’USD est devenu la monnaie de réserve. Ainsi, certains pays ayant des excédents dans leurs balances des paiements (différence entre les importations et exportations) accumulent l’USD.

 

Ainsi, au lieu de circuler, l’USD est stocké ; ce qui limite l’offre de monnaie et la vitesse de circulation. Si la quantité de monnaie est constante, une baisse de sa vitesse de circulation entraine une baisse des prix à cause d’un manque de liquidité. Cela engendre une hausse du cours de parité.

Dans une situation, cela peut être bénéfique pour le pays. Un renforcement de sa monnaie lui permet une manne financière sur les créances à l’étranger. Les autres pays étant obligés d’emprunter en USD, les intérêts de remboursement augmentent ; c’est exactement le phénomène qui plonge la Turquie dans un crise monétaire depuis près de 3 ans.
Toutefois, cela peut avoir aussi un effet négatif. Une monnaie forte encourage la hausse des exportations de devises hors du territoire national : tourisme et investissement, et ralentit les investissements étrangers sur le territoire. Les entreprises sont alors encouragées à délocaliser les moyens de production. Les prix peuvent baisser sur le territoire national : c’est la déflation.

 

D’un point de vue géopolitique, une baisse de la valeur des actifs sur le territoire national pourra à terme encourager les investisseurs étrangers à revenir investir. Mais, cela engendrera un affaiblissement de la souveraineté nationale.

Le grand indicateur du moment est le taux d’intérêt du 10 ans américain. En 2018, sa hausse avait privé les USA de liquidités est provoqué un trimestre de baisse des indices boursiers de 20%.
Si les taux d’intérêt continuent de monter, cela pourrait provoquer la même situation. Ainsi, il est fort à parier que les USA n’ont d’autres choix que de continuer leurs politiques monétaires accommodantes.
C’est le cas dans l’ensemble du monde occidental et notamment des pays ayant pour monnaie l’Euro. C’est une fuite en avant qui ne fait que retarder le grand reset de l’économie mondiale tant attendu.

 

Marché des devises : la fuite en avant des Banques Centrales

 

 

Mathieu AMACHER